L’obscurité, les ténèbres ou encore l’absence de lumière, c’est dans cette présence que bon nombre de personnes trouvent malsaine, qu’Ignace se réveille, stupéfait de cette nuit si stupéfiante. Cela fait déjà la moitié du mois de septembre passé à Poudlard et pourtant, il n’est toujours pas comblé, se demandant ce qu’il pouvait avoir de plus que d’être dans un lieu où son sang n’est pas si différent des autres. Il y a tellement de questions éthiques, spirituelles et sur l’horizon qui lui posent problèmes, qu’il n’arrive pas à résoudre comme lorsqu’un moldu résout une équation mathématique par un raisonnement logique et mécanique. Il se sent si frustré de ne pas avoir de réponses mais aussi si frustré de voir son monde, le monde des sorciers ne pas être à sa place. Il regrette le fait qu’on laisse tant de liberté aux moldus, à leur monde impur qui corrompt chaque être-vivant, chaque beauté de cette planète. Comment ses confrères peuvent-ils être si aveugles face à ce danger potentiel que représentent les moldus et leurs amis sorciers. C’est devant cette fatalité dramatique qu’Ignace se décide d’aller faire un petit tour nocturne pour essayer d’évacuer toute cette frustration qu’a rejaillit en lui tel la fureur d’un geyser.

Il quitta donc la tour des Serdaigles, qu’il avait eu l’honneur de rejoindre quelques années plus tôt. Pour lui, cette maison représentait l’image même du savoir, du pouvoir de savoir et de la volonté. Deux choses qui peuvent faire la force et la puissance d’un homme. Depuis le temps qu’Ignace se trouve à Poudlard, il a pu élaborer le meilleur chemin pour rejoindre son lieu préféré en toute sécurité. Le nom de ce lieu pourrait paraître bizarre voir un peu tordu mais il s’agit en fait des toilettes maintenant abandonnées. Il trouve cet endroit si mystérieux, si froid et solitaire, un endroit dans lequel il aime s’apaiser au son des pluies diluviennes qui s’abattent parfois sur Poudlard, tout comme ce soir. L’orage gronde et menace la vie de ces êtres dont l’importance dans l’univers est si infime mais tout de même respectable. C’est grâce à ce déferlement d’électricité qu’on peut admirer la fureur du ciel que les moldus détruisent sans vergogne. Il se déplaça donc le long des couloirs d’un pas léger tout en guettant le moindre signe d’un professeur ou d’un préfet qui pourrait le prendre sur le fait et l’empêcher de se ressourcer ce qui pourrait être une autre source de frustration. Ignace est un garçon qui aime rester serein pour compenser son esprit torturé. Et une quelconque source de frustration n’est pas bonne pour son self-control et son sang-froid plutôt réchauffé par moment. Si on peut dire que d’apparence il à l’air calme et aussi glacé qu’un iceberg, c’est en réalité un fleuve de magma qui s’écoule dans ses veines, prêt à jaillir à la moindre éruption de colère.

Quelques minutes passèrent et il se retrouva devant l’entrée de son sanctuaire. Il ferma les yeux et un sourire se dessina sur ses lèvres. Il repensa au nombre de fois où il est venu se recueillir dans cet endroit pour pouvoir admirer à travers sa fenêtre rectangulaire, le paysage qui s’offre à lui. Cette fois-ci, il se contenta d’avance à travers cette salle quelque peu humide et de poser la paume de sa main contre le carreau. Il senti à travers celle-ci, la sensation que provoquait le ruissèlement de l’eau sur le verre mêlé à sa froideur. Il se senti petit à petit moins frustré et se contenta de sourire au fait qu’il était enfin dans l’endroit qu’il aimait le plus, un endroit qui le comprenait, qui était lui aussi rempli de magie et qui ne s’en cachait pas. Il était donc heureux d’être de retour dans ce lieu et ne laisserait personne lui gâcher son année, il n’aurait pas de pitié comme n’en aurait pas un lion face à la gazelle qu’il poursuit malgré sa vélocité.

Cependant, il ressentit une présence derrière son dos, à l’entrée de la salle. Son corps se figea ainsi que sa respiration, il évita de paniquer à l’idée que cela pourrait être un préfet ou un professeur qui aurait violemment profaner son sanctuaire. Il décida donc de se retourner pour faire face à cet intrus quel que soit son importance. C’est avec soulagement et stupéfaction qu’il découvrit que ce n’était pas un bourreau qui s’apprêtait à l’exécuter mais il découvrit une fille ou plus exactement une jeune femme qui n’était pas de Serdaigle, ça il en était sur. Il analysa l’intrus en question de ses yeux verts, il tenta de percer le regard de la jeune fille et de tirer une quelconque mimique sur son visage mais n’y parvient pas. Aux premiers abords, il trouva cette jeune fille assez ravissante, très ravissante même s’il décida de ne pas s’en persuader. Retrouvant ses esprits, il brisa le silence comme le fait un piano dans un conservatoire.

- Que cherches-tu donc pour ainsi briser la sérénité de mon monastère. La nuit dans le château et ses gardes ne te font donc pas peur ? dit-il avec une touche d’ironie.

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La phrase de la jeune fille décocha un sourire au coin des lèvres d’Ignace. Ce n’était pas habituel qu’il soit aussi joueur avec une personne qu’il connait à peine mais son intuition lui chuchote qu’elle est une personne très intéressante et qu’elle mérite de l’attention de sa part. Il est rare que le garçon ait de l’intérêt pour une inconnue, en général, il préfère toujours analyser la personne et savoir à qui il a à faire pour être sûr qu’il puisse avoir un soupçon de confiance et de ne pas être en danger. Avant de lui répondre, il se répète la phrase dans sa tête comme à son habitude. Il aime beaucoup les mots, pour le jeune garçon aux yeux émeraude, se sont plus que des assemblages de lettres et des sons produit par l’être-humain. Ils ont un pouvoir caché, sans eux, l’homme n’aurait pas de pensée, n’aurait pas d’âme. Ils sont l’essence même du savoir et de tous ces éléments qui tournent à l’infini dans notre tête.

- Je suis en quête d'un endroit pour atteindre la paix intérieure, mais je ne suis que de passage, heureusement pour toi. Peur ? Tu ne sembles pas avoir peur toi, pourquoi le devrais-je ?

Ainsi donc, cette Serpentard avec laquelle il a partagé certains cours, est aussi en quête de paix intérieure lorsque l’astre lunaire est à son apogée et brille de sa lueur argentée, éclairant les âmes perdues dans l’obscurité. Le Serdaigle plongea à nouveau son regard dans celui de la jeune femme et commença à produire les sons qui le fascinent tant.

- Si j’en crois tes douces paroles, devrais-je être effrayé à l’idée que tu puisses me mordre comme le serpent qui fait la fierté de ta maison ? Tu peux déjà être rassurée, si tu dois enfoncer tes crocs dans ma chaire, agis vite avant que mon bec et mes griffes prennent emprise sur toi et te lacèrent. Et sache que la peur ne fait pas partie de mon être. Elle est réservée aux moldus, la peur est une faiblesse dangereuse et je suis répugné à l’idée de l’éprouver.

- Le garçon lui sourit à nouveau et se déplaça doucement vers elle, toujours ayant son regard dans celui de son interlocutrice, essayant de la déstabiliser un peu. Il s'arrêta à la moitié du chemin et s'appuya contre les éviers qui se trouvaient au centre de la pièce. Il avait toujours aimé leur architecture, leur beauté ancienne et oubliée. Il se passa quelques minutes à peine après sa première réponse et lorsque la jeune femme voulut lui répondre, il l'arrêta de la main pour lui montrer qu'il n'avait pas fini. Ignace ferma les yeux et pris une grande inspiration, essayant de toucher de nouveau cette paix intérieure mais l'apparition de la jeune femme l'avait troublé et l'en empêchait. Le fait qu'elle n'ait pas eu peur d'un type louche trainant dans des toilettes à la recherche d'une paix intérieure était plutôt rare. A son habitude, il aurait déjà tout fait pour intimider la personne qui aurait osé l'interrompre dans un moment aussi important pour lui mais il sentait qu'elle ne se laisserait pas faire aussi facilement. Ignace décida de sortir du royaume des aveugles et de la retrouver dans son champ de vision.

- Si dans une certaine optique, tu comptes m'attaquer et souiller mon corps de ton venin, pourrais - tu au moins avoir la délicatesse avant de te présenter à moi, que je ne parte pas en enfer sans avoir connu le nom de mon bourreau. Dit-il avec le même air ironique et amusé.

- Pour ma part, je me prénomme Ignace Wilde, élève de la maison Serdaigle ce qui en soit ne doit pas être nouveau pour toi, car je me rappelle vaguement t'avoir aperçu en cours. Une fois ton identité dévoilée, que dirais - tu de chercher ta paix intérieure dans mon sanctuaire divin ?