Vingt-et-une heures cinquante-quatre. Scorpius est dans son lit, ce n’est pas franchement habituel qu’il le soit à cette heure-ci, après tout le couvre-feu pour ne plus sortir des salles communes est vingt-et-une heures, il pourrait avoir tout le loisir de rester dans la salle commune des Serpentard avec les autres avant d’aller se coucher. Vingt-et-une heures cinquante-cinq. Oui mais voilà le problème c’est bien les autres, la rentrée a eu lieu il y a quelques jours, il n’a pas vraiment tissé de liens et surtout plusieurs – la plus grande majorité – de ces autres l’exaspèrent. Vingt-et-une heures cinquante-six. Mais voilà Scorpius n’arrive pas à dormir, et même compter les secondes puis les minutes n’y fait rien. Cela fait une demi-heure qu’il est planté là, allongé dans le noir, les rideaux du baldaquin de son lit sont tirés, à penser à tout et à rien. Vingt-et-une heures cinquante-sept. Surtout que les allers-retours sans cesse de certains garçons dans les dortoirs commencent à vraiment l’énerver. Ils ne peuvent pas venir une seule fois chercher ce qu’ils ont besoin et lui foutre la paix ? Cela ne semble quand même pas si difficile. Vingt-et-une heures cinquante-huit. Il n’arrête pas de se tourner dans un sens puis dans un autre et il commence à avoir sacrément chaud. Or Scorpius a toujours détesté avoir chaud, cela l’empêche de dormir, et il est encore plus de mauvaise humeur après, car oui Scorpius peut être encore plus de mauvaise humeur que son état naturel. Il a l’impression qu’il étouffe quand il fait chaud, et c’est cela qui le rend de si mauvaise humeur. Vingt-et-une heures cinquante-neuf. De toute façon, il a toujours été plus de mauvaise humeur s’il avait mal, car le fait de devoir se concentrer sur la douleur n’encourageait pas le contact avec les autres. Vingt-deux heures. Bon cela fait quand même cinq fois que ce serpentard de troisième année revient dans la chambre, Scorpius fait alors un bond de son lit, faisant peur à ce même serpentard, qui tente tout de même une approche :


Scorpius avait tout de même prit la peine de répondre, bien que ce ne soit pas franchement sa plus grande envie, non son envie c’était qu’on lui foute la paix, qu’on ne fasse pas attention à lui, ce n’était quand même pas compliqué. Il traversa rapidement la salle commune, ils étaient tous là à faire la fête et ils ne remarquèrent même pas qu’un Serpentard se faisait la malle dans les cachots. Ok, Scorpius n’était pas censé sortir de sa salle commune, mais le jeune Malefoy était-il du genre à respecter le règlement ? Non pas vraiment. Ce n’était pas non plus ce soir-là un souhait de transgresser le règlement, tout ce qu’il voulait c’était sortir de cette ambiance, qu’il transgresse ou non le règlement, il n’en avait rien à faire. Il divaguait donc dans les couloirs, le premier point positif était que les couloirs étaient remplis de courants d’air froid et, étant en simple tee-shirt, Scorpius n’eut aucun mal à oublier la chaleur qui le tiraillait jusque là. Deuxième point positif : ce silence. Scorpius en apprécia la douce mélodie, depuis la rentrée, il n’avait plus entendu – ou fort peu – ce silence et il ne pouvait que s’en réjouir. Oui, Scorpius était un genre de solitaire, mais ce n’était pas vraiment pour lui déplaire.


La voix résonna dans les couloirs. On ne pouvait donc pas être tranquille en transgressant le règlement ? C’était tout de même incroyable, combien y avait-il de chances que ce soir même un autre élève – car cela semblait être un élève – transgresse le règlement en même temps que lui – surtout aussi tôt après le couvre-feu – et que justement Scorpius le croise. Bien que Poudlard soit rempli de passages dans tous les sens, il se trouvait que là, à l’instant même, Scorpius était obligé de passer par ce couloir. Il n’avait pas peur, non ce n’était pas le souci, si cela était un préfet, il aurait une retenue et basta. Il n’avait juste pas envie de croiser quelqu’un alors qu’il venait justement de quitter sa salle commune pour cette raison. C’est là qu’il vit le jeune homme allongé sur le banc, ce n’était pas compliqué avec son « ballon lumineux », toute cette partie du couloir était éclairée. Un jeune poufsouffle, Etan, Elvan, un truc du genre. Scorpius ne connaissait pas encore bien les élèves de Poudlard, de plus, Poufsouffle n’était vraiment pas la maison qui l’intéressait, à part bien sûr pour y trouver quelques proies. Scorpius s’apprêtait donc à passer tranquillement près du jeune homme, sans faire attention à lui.